Comment la Sûreté Ferroviaire et la SNCF s’engagent dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles

Depuis 2021, la SNCF a créé un poste de responsable de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles à la Direction de la Sûreté Ferroviaire pour mieux comprendre, et agir de façon coordonnée, sur un phénomène de société persistant. Et c’est Anne Meunier qui en a pris les rênes. Après avoir intégré la SNCF en 1983, elle rejoint la Sûreté en 2016. Pour le dernier poste de sa carrière, elle prend à bras-le-corps un sujet essentiel pour la SNCF, et pour la Sûreté Ferroviaire. Dans cet article, Anne Meunier nous explique les enjeux de cette problématique, les mesures mises en place par la SNCF, ses missions en tant que responsable, et les évolutions constatées ces dernières années.

Lutte contre les violences sexistes et sexuelles : une priorité pour la SNCF

Pour adresser le problème, la SNCF a mis en place une série de mesures, parmi lesquelles la création d’un poste dédié. Assignée au secrétariat général de la SNCF avant 2020, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles fait l’objet d’une création de poste en janvier 2021, naturellement rattaché à la Direction de la Sûreté Ferroviaire. Et c’est Anne Meunier qui, 5 ans après avoir intégré les rangs de la Sûreté, en prend la charge. « Les violences sexistes et sexuelles sont une réalité quotidienne pour nos clientes, en particulier les jeunes femmes de moins de 30 ans dont les jeunes filles mineures. Nous avons donc le devoir d’agir en tant que SNCF, 1er transporteur collectif de France, et de relever ce défi collectivement », affirme la responsable.

Pour la SNCF, le sujet est en effet central, et les enjeux multiples. « 100% de nos clientes auront fait l’objet d’une atteinte sexiste ou sexuelle dans les transports collectifs au cours de leur vie ». Loin d’être cantonné au transport ferroviaire ni plus largement aux transports en commun, le phénomène constitue un sujet sociétal et politique incontournable. Au-delà de l’obligation légale à laquelle la SNCF doit répondre, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles représente un enjeu économique fort (avec le risque de perte des usagers en cas d’insécurité trop élevée), mais aussi un sujet complexe et délicat sur lequel la SNCF s’engage véritablement. Pour relever ces défis, Anne Meunier articule sa mission autour de 5 axes : la compréhension du phénomène, l’animation et le pilotage de la thématique, la coopération avec les partenaires internes et externes, les actions menées et mesures de résultats, ainsi que le volet communication, pour valoriser le savoir et le savoir-faire de la Sûreté Ferroviaire.

La lutte contre les violences sexistes et sexuelles sur le terrain

La formation des agents est un des leviers majeurs pour agir face aux violences sexistes et sexuelles dans les transports. Comme le souligne Anne Meunier, « la lutte contre les atteintes sexistes et sexuelles est une mission prioritaire des agents de la Sûreté Ferroviaire, prévu au code des transports. Dans le cursus de formation (initiale et continue), les agents sont formés à interpeller les auteurs, mais aussi, depuis novembre 2023, à prendre en charge des victimes de violences sexistes et sexuelles ».

En plus de la formation commune à l’ensemble des agents de la Sûreté, certains collaborateurs plus spécialisés travaillent sur la détection, le repérage et la répression des outrages sexistes et harcèlement sexuel, et sur la prise en charge de la victime. Ils interviennent en civil, ce qui les rend plus difficilement identifiables.

De leur côté, les voyageurs disposent d’un numéro d’alerte (le 3117, et le 3117 7 par SMS) et d’une application (l’application alerte 3117) pour signaler tout acte de violence, qu’ils soient victimes ou témoins des faits. La plateforme est hébergée au Poste National de Commandement de la Sûreté Ferroviaire, ce dernier étant en contact direct avec les équipes opérationnelles de la Sûreté ainsi qu’avec les centres de commandement de la police nationale et de la gendarmerie nationale pour intervenir. L’aspect prévention et campagne de communication auprès du public est donc central pour informer les voyageurs de l’existence de ces services.

Des résultats encourageants

Le sujet étant d’ordre sociétal, il est difficile de constater des améliorations chiffrées. Toutefois, Anne Meunier souligne les avancées réalisées, tant sur le plan de la compréhension du phénomène que sur la prise en charge des victimes. « Les chiffres sont indispensables pour analyser et tenter de comprendre les phénomènes, mais seuls et sortis de leur contexte, ils ont peu de sens. » Pour l’Observatoire de la Sûreté SNCF, une augmentation des chiffres relatifs aux atteintes sexistes et sexuelles n’est pas une mauvaise nouvelle en soi : c’est le résultat du travail mené par les équipes opérationnelles de la Sûreté : 50% des faits déclarés sont relevés par les agents SUGE (actions de prévention auprès des clientes et clients, PV pour outrage sexiste, interpellation des auteurs d’atteintes sexuelles et prise en charge des victimes). « Plus il y a de sensibilisation et de communication, plus il y a de signalements. En revanche, plus nous avançons, mieux nous comprenons le phénomène et mieux nous prenons en charge les victimes. C’est en travaillant en coordination avec nos partenaires internes et externes dans un continuum de sûreté que nous contribuerons à lutter contre les violences sexistes et sexuelles, conformément à la mission de la Sûreté qui est de ‘transporter, intervenir, protéger’ ».